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COMMENTAIRES AUX ARTICLES DE PRESSE
CHEMIN ST PILON
NON A L'ARGUMENT SECURITAIRE
Selon certaines sources, le maire du Plan d'Aups aurait manifesté en conseil
municipal sa volonté de réaliser un projet de sécurisation des crêtes au abords
du St-Pilon avec élargissement, voire réalisation, d'un chemin et constitution
d'une DZ pour les hélicoptères.
Position d'OPNR relative à l'argument de la sécurité:
Pour faire passer des aménagements, on brandit souvent l'argument de la sécurité
car, bien entendu, personne n'est contre ce principe, ce qui est bien pratique.
Cependant, nous pensons qu'il est totalement déplacé ici. Pourquoi ?
Le chemin du St-Pilon se transforme en fait en un sentier passant à même la
roche peu avant le col. Il s'agit ici d'un accès aux espaces sauvages. Une
modification profonde de ces lieux dénaturerait irrémédiablement Le caractère de
la montagne, déjà profondément défigurée plus à l'Ouest. Doit on aménager les
espaces sauvages parce qu'ils sont fréquentés ? Si l'on part de ce principe
c'est un saccage que l'on doit organiser presque partout dans le milieu naturel : traçons donc à coup de bulldozers des routes au cour des Calanques, sur la
Ste-Victoire, sur les Hauts-Plateaux du Vercors ; bétonnons le Verdon car le
sentier Martel est dangereux etc.
Bien sûr qu'il survient des accidents sur ce chemin. Mais quel est l'endroit
fréquenté où il n'y en a pas ? A partir du moment où l'homme passe
régulièrement, il y a des accidents. Faut-il incriminer le terrain naturel pour
autant ? Les accidents, globalement, ne sont pas, intrinsèquement parlant, liés
au milieu naturel dans cette région mais à l'action de l'homme; la preuve en est
que même une ville n'est pas un refuge contre les accidents, frappant parfois
des piétons qui trébuchent contre un trottoir !
D'autre part, aménager le chemin, c'est le rendre plus accessible. Et le rendre
plus accessible, c'est augmenter sa fréquentation. Et plus une fréquentation
augmente, plus elle génère d'accidents (est-il utile, devant cette évidence, de
faire apparaître les statistiques ?) d'autant plus que des personnes moins
aguerries s'engagent alors.
Et puis les accidents, ici, sont de quelle nature ? Hormis de rares cas de suicides, faits dont le terrain n'est pas la cause, ce ne sont que des personnes
qui chutent de leur hauteur : entorses, luxations, fractures éventuellement.
Rien d'absolument dramatique généralement.
La fréquence de ces accidents se réduit à quelques fois dans l'année tout au
plus. A titre de comparaison, les abords de la Croix de Provence et du Prieuré à
la Ste-Victoire, lieux qui présentent de fortes analogies avec le St-Pilon de la
Ste-Baume, voient seulement quelques interventions des Sapeurs-Pompiers par an
alors que ce massif est mondialement célèbre, qu'il reçoit environ 700 000
visiteurs dans l'année, que des pics de 2000 visiteurs/jour ont été observés en ces lieux, donc autrement plus fréquentés que ce St-Pilon, et alors que les
itinéraires qui y montent sont plus difficiles et plus longs ! Sous prétexte
d'une illusoire « sécurité », doit-on défoncer la montagne à coups de
brise-roche?
Arborer l'argument de la nécessité d'un chemin large et aplani ou d'une DZ pour
les secours semble traduire une profonde méconnaissance du sujet : ici c'est
l'hélicoptère de la Sécurité Civile qui intervient (Dragon 83) avec deux
Sapeurs-Pompiers GRIMP à son bord et en treuillant pour la plupart du temps
(pendant que se dirige sur les lieux une équipe terrestre). De plus la crête au
niveau du St-Pilon est peu accidentée et il n'est pas exclu que cet aéronef
puisse poser un patin tout en restant en stationnaire, ni même se poser à
proximité, côté Sud vers l'îlot rocheux. Sans oublier que les véhicules peuvent
monter jusqu'à la chapelle des Parisiens.
Que devient alors l'impérieuse nécessité de ces travaux ?
Un secours en ces lieux ne pose aucun problème technique ; par conséquent,
aménager la crête ou le chemin n'apportera rien de crucial pour les équipes SP
GRIMP qui sont formées pour intervenir dans des conditions accidentées et
difficiles, ce qui n'est pas le cas ici.
Pascal Rainette
Président d'Objectif PNR
Officier Marinier BS Marin-Pompier de Marseille en retraite
Ancien GRIMP Marin-Pompier
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